• Ça y est. Encore elle. Toujours elle. Cette question qui me colle à chaque fois. Cette question à laquelle je n’ai aucune réponse… Chaque fois que je pense m’en être débarrassé, rebelote : elle revient dans la bouche de quelqu’un d’autre. Elle ne peut pas me lâcher un peu, nondidjû ?!

    Hein ? Quoi ? Quelle question ? Bah, la question qui tue, celle que tout tonton ou tata attentionné pose forcément au petit neveu à chaque fois qu’il le voit, a fortiori depuis qu’il a intégré l’université… « Tu veux faire quoi, plus tard ? » Plus tard. Avenir. Futur. Toujours et encore eux. J’suis à peine en deuxième et on me demande déjà de tracer mon trajet professionnel. Mais mince (oui, là, la censure a joué un rôle dans le choix des mots), foutez-moi la paix ! Laissez le temps à « plus tard » de se pointer à son aise ! Je vous le dis et répète : JE NE SAIS PAS !

    « Mais pourtant, avec les études que tu fais, tu dois bien avoir une idée, non ? » Non. Okay, j’étudie le droit et les sciences politiques. Mais non, ça ne signifie pas que je serai forcément un politicien véreux ou l’avocat de la veuve et de l’orphelin. Vous savez quoi ? Je n’ai aucune idée du métier que je veux exercer. Et, pour l’instant, je m’en tamponne l’oreille avec une babouche. Je prends mon pied dans mes études, j’aime ce que je fais, je passe du temps avec des amis, je graph’, j’écris, je joue au tennis, et, pour l’instant, ça me suffit. Quand je rencontrerai l’Avenir, je prendrai une décision. Mais pas maintenant, il est trop tôt.

    Alors, par pitié, ne me posez pas la question. Sinon, je serai obligé de vous répondre quelques mots grommelés. Ou bien, j’ai une autre réponse : quelqu’un de bien. Comme mon grand-père. Je ne peux vous citer de métier, mais je sais que je veux devenir une personne agréable, sympathique, à qui l’on tient. Sur qui on peut compter. Je n’ai pas envie qu’on dise « oh non, on doit aller manger chez lui, mais j’ai vraiment pas envie de le voir ». Il y a encore pas mal de progrès à faire avant d’en arriver là. Mais au moins, c’est un beau projet de vie. Plus beau, je pense, que viser simplement à devenir avocat, médecin ou astronaute.


    2 commentaires
  • On m'a récemment demandé ce que je faisais exactement comme retouches sur les infographies que je vous présente. Cette demande m'a, d'une part, fait plaisir, puisque cela signifie que les images forment un tout harmonieux, mais elle laisse apparaître le fait qu'on ne réalise pas toujours le travail que j'ai dû accomplir avant de pouvoir vous présenter mes graph'.

    C'est pour cette raison que j'ai décidé de vous montrer un peu les images de base dont je me suis servi, par exemple, pour la créa "La visite d'Alice". En effet, c'est pour cette cré qu'on m'a demandé "Mais qu'as-tu fait, exactement ? Juste rajouté la petite fille ?" Non. Jugez par vous même, en jetant un coup d'oeil à un vrac des images qui m'ont servi :

    Une explication

     

    Et quand on mixe tout ça, on joue avec les teintes, la luminosité, etc, on obtient :

    Voilà voilà, vous avez une meilleure idée de ce que je fais, maintenant ;)

    Foénor


    6 commentaires
  • La Mort resserra ses doigts squelettiques sur les rênes de sa monture. Elle tourna la tête à droite, puis à gauche. Enfin, elle contempla le monde à ses pieds. Quel beau bordel, quand même. La fin du monde, elle attendait ça depuis des millénaires. Pouvoir chevaucher vaillamment avec les copines, répandre terreur et destruction, donner un coup de pouce à un monde en pleine autodestruction et puis, plus tard, y penser avec un béat sentiment de travail accompli. Des millénaires, je vous dis ! Elle avait même pensé à recharger la batterie de son appareil photo pour avoir des souvenirs !

    Mais elle ne voyait pas cela comme… ça. Elle n’avait pas bien compris ce qu’il s’était passé, d’ailleurs. Elle rentrait à peine de son service, avait averti les nouveaux cadavres de leur état, comme d’habitude… Et puis, un de ses assistants avait déboulé, comme fou. Il balançait les bras dans tous les sens en hurlant que la fin du monde approchait et qu’il faudrait penser à la Chevauchée. Ni une, ni deux, la Mort avait sauté sur son cheval (qui avait émis un grognement désapprobateur, d’ailleurs (oui, le cheval de la Mort peut grogner, c’est un cheval spécial (en même temps, avec une cavalière pareille… (bah oui, on dit « la » mort, non ?)))) et s’était précipitée au Sommet du monde pour évaluer la situation. Et découvrir que c’était, passez-moi l’expression, un vrai foutoir. Apparemment, la fin du monde avait comme origine un désaccord.

    Un désaccord au sujet de la fin du monde. D’un côté, ceux qui maintenaient mordicus que les maya avaient raison et que 2012 (la Mort vérifia sur son calendrier : oui, on était bien en 2012) marquerait la fin du monde. De l’autre, les sceptiques qui ne croyaient pas, je cite « à ces balivernes nostradamusiaques tout juste bons à effrayer mon chien, et encore, mon chien n’est pas si crédule ». Apparemment, le camp des partisans mayas, exaspéré par l’ironie impie des sceptiques, avait orchestré un magnifique soulèvement mondial. Sans perdre une seconde, les sceptiques avaient répliqué. Cela avait commencé par des manifestations pacifiques. Allez savoir comment on en était arrivé à des combats de rues avec agrafeuses dans un environnement post apocalyptique.

    « Je peux te raconter, si tu veux, intervint une voix derrière la Mort »

    Parée d’une cape rouge sang, les cheveux en bataille et les mains maculées de sang, la Guerre s’approcha. Elle adressa un sourire à l’autre Cavalière, découvrant ses dents pointues et tranchantes comme la lame du couteau de Rambo (c’est-à-dire capable de trancher n’importe quoi en deux, et quand je dis n’importe quoi, c’est vraiment n’importe quoi, comme un char d’assaut ou un smarties). La Mort rendit son sourire à la Guerre. Après tout, les deux Cavalières étaient amies de longue date et, depuis leurs débuts en tant qu’Apocalyptiques, elles ne s’étaient que rarement séparé.

    « D’abord, commença la Guerre, ils ont été bien inspiré. Les Illuminés –c’est comme ça que j’appelle ceux qui croient à la fin du monde- ont manifesté dans les rues. Les Sceptiques ont riposté en manifestant aussi. Alors, les Illuminés ont commencé des conférences pour illuminiser les Sceptiques. En réponse, les Sceptiques ont tenté de scepticiser les Illuminés. Comme les messages ne semblaient rentrer dans la tête ni des Sceptiques, ni des Illuminés, ils ont commencé à tenter de les faire rentrer de force. C’est comme ça que les Illuminés se sont mis à donner des coups de marteau sur le crâne des Sceptiques et inversement. Pour se défendre, ils ont mutuellement commencé à utiliser des armes à feu. Puis les avions, les tanks et tout ce bordel. Après, ils sont passés à l’arme atomique. Mais que faire, après ? Ils avaient carbonisé les armes potentiellement les plus dangereuses et détruit la moitié du monde. C’est là que Famine est intervenue. »

    Une autre Cavalière, bien en chair (non, en fait, carrément grosse), une besace remplie de nourriture pendant au côté, un reste de crème chantilly au coin des lèvres, s’avança vers les deux autres. La Famine, car c’était elle, tenta d’avaler ce qu’elle avait en bouche, et s’adressa à ses camarades, la bouche à moitié pleine :

    « Abrès, les hobbes ont cobbencé à ferfer à banger. Cobbe il be restait pas grand-fose, ils se sont battus avec ce qu’ils trouvé. Les agrafeuses. »

    Une forte odeur de rose agressa les narines des trois Cavalières. Elles se retournèrent toutes ensemble pour voir s’avancer vers elles une jeune femme élégamment maquillée, parfumée pour douze, avec des manières de diva.

    « Voilà, dit Pestilence. Je viens de finir mon boulot. Les cadavres avec une agrafe dans la tête commencent à pourrir. 

    - Parfait, répliqua Mort. Prêtes, les filles ? 

    - Prêtes, répondirent-elles en chœur. »

    D’un geste, les Cavalières de l’Apocalypse grimpèrent sur leur monture. Pestilence sortit une bouteille de parfum et en vaporisa un peu dans l’air, tandis que Famine avala un troisième sandwich au grand dam de son cheval. D’un air majestueux, les Cavalières s’élancèrent dans la dernière Chevauchée.

    Au final, les Illuminés avaient eu raison : la fin du monde arriva en 2012. Mais on jugea qu’il y avait match nul : cette fin du monde, ils l’avaient un peu cherchée.


    1 commentaire
  • C’était mieux avant. Je suis souvent confronté à ce genre de déclarations. Et, je dois admettre que, ces quelques mots, je les emploie aussi. C’était mieux avant, les dessins animés. C’était mieux avant, la bande dessinée. C’était mieux avant, la littérature. C’était mieux avant, la mentalité des jeunes. C’était mieux avant, la façon de parler le français. Bref, tout était mieux avant.

    Mais, en y réfléchissant… C’était différent. Cette question, je l’ai déjà posée dans un autre billet, mais elle me taraude depuis pas mal de temps : pourquoi différence impliquerait forcément hiérarchie ? C’est vrai, hein ? Pourquoi est-ce que les choses étaient forcément mieux avant parce qu’elles étaient différentes ? Alors, certes, chacun se fera son opinion. Et si j’ai moi aussi tendance à hurler au massacre en entendant certains chanteurs aujourd’hui qui, comparés à Brel ou à Piaf ne font que réciter des paroles sans y mettre d’énergie, je ne pense pas qu’il faille rejeter en bloc le présent –voire l’avenir.

    Les choses ne se gâtent pas forcément. Elles évoluent. J’ai récemment compris que nous étions mal placés pour juger de l’aspect positif ou négatif de cette évolution. Ce sera aux historiens, aux futures générations de nous le dire. Peut-être qu’elles aussi, en parlant de notre époque, diront « c’était mieux avant ». Mais, en attendant de le savoir, nous ne pouvons que constater ces évolutions et tenir une position qui n’est pas explicable : pourquoi être pour telle ou telle évolution ? Et pourquoi être contre ? On peut avancer des arguments, certes. Mais, au final, cela reviendra quand même à dire « je pense que ».

    De tout temps, l’homme et la société ont connu des évolutions. De tout temps, il y a eu des partisans et adversaires de ces évolutions. Notre époque n’y fait pas exception. Est-ce aux jeunes de retrouver un minimum de rigueur grammaticale, ou est-ce à la grammaire à s’adapter ? Est-ce à la musique de retrouver le talent de Brel et Piaf, ou à nos oreilles de s’habituer aux stars d’aujourd’hui ? Devons-nous souhaiter la résurrection d’Hugo ou lire Harry Potter ? Devons-nous rejeter les nouveaux tomes de Spirou ou les voir comme un nouveau souffle ?

    Certes, toute innovation n’est pas bonne. Mais faut-il en permanence se positionner contre ? Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. D’ailleurs, si la question de l’évolution, bonne ou mauvaise, et du « c’était mieux avant » ne tarabuste, elle ne m’empêche pas de dire que, sur certains points, oui, c’était mieux avant. Mais cela ne signifie pas que j’aurais aimé vivre dans ce « avant ».


    1 commentaire
  •  

    Parce que parfois, j'aimerais habiter dans une chaussure perdue au fin fond d'une forêt...


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires