• Fédération Wallonie-Bruxelles, une imposture ?

    Aujourd’hui, des tas d’étudiants et élèves francophones ont pu paresser plus longtemps que de coutume dans leur lit chaud, douillet et confortable. Ce jeudi, ils avaient pu débrancher leur réveil, et demander à leur parents de ne pas faire trop de bruit en partant travailler. Pour tous ces étudiants, le 27 septembre est synonyme de congé. C’est la fête de la Communauté française. Ou plutôt, comme elle se fait désormais appeler, la « Fédération Wallonie-Bruxelles ».

    Je n’aime pas cette appellation. Elle est, à mes yeux, l’illustration de trop de choses négatives. C’est pourquoi je m’entête à parler de Communauté française. Pourquoi ? Et bien, expliquons.

    D’abord, et c’est sans doute une considération de juriste, la Fédération Wallonie-Bruxelles n’existe pas dans la Constitution. Il y est toujours fait mention de la Communauté française, dans l’article 2.

    Ensuite, utiliser les mots « Wallonie-Bruxelles » démontre un régionalisme croissant du côté francophone du pays. Il s’agit, en réalité, d’apposer à la Communauté française le sceau des Régions. Et j’emploie les majuscules à dessein. Pour bien comprendre, reprenons les bases : la Belgique fédérale se compose de 3 Régions (Wallonne, Flamande et de Bruxelles-Capitale) et de 3  Communautés (française, flamande et germanophone). Il faut savoir qu’historiquement, les francophones ont toujours défendu une vision régionaliste du fédéralisme, alors que le Nord du pays avançait plutôt une vision communautariste. (En clair, celui signifie que, du côté wallon, on donne priorité, en quelque sorte, à la Région, tandis que du côté flamand, c’est à la Communauté qu’on accorde plus d’importance). Or, parler de « Fédération Wallonie-Bruxelles », c’est plaquer une étiquette régionale à la Communauté. Une manière ce creuser un peu plus le fossé, déjà fort profond, entre le Nord et le Sud.

    Mais ce n’est pas tout. Parler de « Fédération Wallonie-Bruxelles », c’est également entrer dans une logique d’exclusion. En effet, alors que l’appellation « Communauté française » était relativement neutre, même si on aurait pu lui préférer l’appellation « Communauté francophone » (mais c’est un autre débat). Par contre, parler de « Wallonie-Bruxelles », c’est clairement exclure la Flandre. C’est clairement poser un jeu de dédain mutuel : d’un côté, il y a la Wallonie et Bruxelles, de l’autre, la Flandre. Cette logique d’opposition, ne nous leurrons pas, était déjà présente alors que l’on parlait de Communauté française, mais elle n’était pas aussi exacerbée. Ici, on ne cherche même plus à jouer la carte d’une différence culturelle (et donc, pas forcément d’une opposition), on marque très clairement que la Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est pas la Flandre. Si on pousse la logique à l’extrême, on pourrait même dire : « c’est toute la Belgique, sauf la Flandre ». (mais ce serait oublier la communauté germanophone)

    Enfin, troisième grief, et pas des moindres : parler de Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est méconnaître et mépriser les minorités qui vivent sur le territoire de ses deux régions, et qui sont consacrées dans la Constitution ! Je fais référence à la Communauté germanophone et à la minorité flamande de Bruxelles. Je m’explique avec des cartes, cela sera plus simple : dans la carte 1, on peut voir les zones où les différentes Communautés exercent leurs compétences. La carte 2 présente les zones où les Régions exercent leurs compétences.

     

    Carte des communautés

    Carte des régions

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Si on superpose ces deux cartes, on peut constater que la zone de la Région Wallonne et de la Communauté française ne coïncident pas tout à fait : la Communauté est compétente à Bruxelles, et pas la Région, alors que la Région est compétente dans les territoires de l’Est, où la Communauté germanophone, et non française, peut exercer ses compétences.

    Parler de Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est donc oublier :

    • La Communauté germanophone : La Région Wallonne est compétente sur le territoire de la Communauté germanophone, mais pas la « Fédération Wallonie-Bruxelles », contrairement à ce que ce nom pourrait laisser entendre. En parlant de « Wallonie-Bruxelles », on méconnaît les germanophones en privilégiant, je lai déjà évoqué, une approche régionaliste.
    • La minorité flamande de Bruxelles. La Communauté flamande, n’en déplaise à certains, est également compétente à Bruxelles. Ce nouveau nom laisse entendre le contraire, ce qui constitue une mise entre parenthèse des flamands de Bruxelles.

    Voilà, brièvement, les raisons pour lesquelles je ne refuse à parler de Fédération Wallonie-Bruxelles. Et vous, qu’en pensez-vous ?


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  • Salut à tous !

    Vous en avez maintenant l'habitude, mercredi est jour du Midi 47 !

    Cette semaine, la réaction d'un invité à l'article du New York Times qui prévoyait, entre autres, une scission de la Belgique ! Enjoy.


    2 commentaires
  • Salut à tous !

    Voici un Midi 47 un peu spécial... Parce qu'il a eu lieu à 13h07, et parce que je l'ai écrit en 15 minutes juste avant de prendre l'antenne... Bah ouais, c'était pas prévu que je passe, à la base :P Bref, Silvio est de retour en politique... Enjoy !

    Tiens, au cas où le lecteur ne fonctionnerait pas (ça arrive, parfois...) Voici un lien direct !


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  • La Reine est morte, vive la Reine ?

    Le Janson, où la "petite Patronne" n'officiera plus...

    Pour une fois, j’aurais préféré ne pas avoir à prendre la plume. Mais j’en ai besoin : j’aimerais rendre hommage à une grande dame, qui a choisi d’abréger ses souffrances alors qu’une maladie fulgurante l’avait accablée. La nouvelle de son décès a été un véritable choc pour moi. Rien ne l’annonçait. Coup de tonnerre dans un ciel bleu.

    Je souhaite rendre hommage à Régine Beauthier. Ce nom vous sera surement inconnu. Madame Beauthier était professeure d’Histoire du Droit et des Institutions, entre autre, à l’Université Libre de Bruxelles. Pendant un an, elle nous enseigné, à moi ainsi qu’elle l'avait fait à plusieurs générations de juristes, l’histoire de la fondation et de la consolidation de l’État dans nos régions.

    Je dois avouer que l’histoire du droit n’était pas le cours qui m’attirait le plus, au début de l’année. Mais Madame Beauthier avait une telle passion et un tel enthousiasme pour son cours qu’elle est parvenue à m’y intéresser au plus haut point. J’ai découvert, grâce à elle, les joies de relier les évènements historiques biens connus à une façon de penser le droit, à une gymnastique intellectuelle et à une ingéniosité sans borne. 

    Mais elle n’était pas uniquement une professeure talentueuse : elle était également extrêmement soucieuse de ses étudiants. Je l’avais contactée, au début du mois de mai, en raison d’un conflit horaire entre deux examens. Elle avait accepté sans hésiter de me faire passer mon examen en oral plus tard dans la session. Lorsque je suis entré dans son bureau, par une matinée ensoleillée de juin,  j’ai pu apercevoir des piles d’examens dans une caisse. Elle corrigeait elle-même personnellement les copies de son millier d’étudiants. Elle m’a accueilli chaleureusement et s’est assurée que je sois à l’aise. Puis, après un quart d’heure de préparation, l’examen a commencé.

    Et cet examen fut presque amusant. Elle posait les questions, je tentais d’y répondre de mon mieux. A chaque fois, nous discutions, nous argumentions sur le sujet de la question. Elle s’était renseignée, et savait que je m’étais lancé dans un double cursus. Alors, elle me permettait à chaque fois de faire des liens avec des auteurs de science politique, elle acquiesçait en souriant alors que je parlais de Montesquieu ou de Rousseau.

    Puis, quand elle n’eut plus de question à poser, elle m’offrit un débriefing complet. Elle m’informa des points à améliorer, de mes points forts et de mes faiblesses. Enfin, elle s’enquit de ma session en science politique. Cela s’était-il bien passé ? N’étais-je pas trop fatigué ?

    Enfin, elle m’avait demandé mon sentiment quant à son cours. L’avis de ses étudiants lui importait beaucoup. Elle m’a d’ailleurs confié que si les nombreux tests qu’elle organisait pendant l’année pouvaient aider ne serait-ce qu’un étudiant à réussir, alors elle était heureuse. Elle a ajouté également qu’elle serait heureuse d’être mon professeur à nouveau en master, si je choisissais le cours de Questions approfondies d’histoire du Droit.

    Je l’ai revue quelques jours plus tard, pour la proclamation. Elle se portait comme un charme, et m’avait à nouveau souhaité tout le meilleur pour la suite. Elle m’avait également dit que si j’avais le moindre problème ou la moindre question concernant mes études de droit, je pouvais la contacter.

    C’était la dernière fois que je la voyais. Que je la verrai. Hier, en apprenant son décès, j’ai eu un choc. Une des profs qui m’avait fait aimer le droit avait disparu. Une des profs les plus dévouées et passionnées disparaissait. Des générations d’étudiants perdent une professeure remarquable. Mes pensées accompagnent de tout cœur sa famille, ses amis et ses collègues.

    Et à Madame Beauthier, un professeur qui m’a énormément marqué, je voudrais dire merci. Puissiez-vous reposer en paix.


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  • Plop à tous !

    La saison radio reprend... Premier midi47 de la saison ! Thomas y reçoit Jean-Philippe Pipeau, secrétaire d'État aux Affaires Problématiques ! Enjoy.


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