• Nadal, ce joueur...

    Le match Djokovic-Nadal de cet après-midi avait des airs de finale avant la finale. Et de fait, l’affiche était alléchante. Voir le numéro 1 mondial affronter le septuple champion, avant la finale, c’était quelque chose.

    Et le match n’a pas déçu. On peut lire, sur Twitter, les réactions du monde entier : un match de titans, un math de deux bêtes sacrées du tennis, où le niveau a frôlé l’apothéose. Un vague souvenir d’une certaine demi-finale, à mon sens plus belle encore, m’est revenu : il s’agissait d’un certain Novak Djokovic qui affrontait le maestro, Roger Federer. C’était également en demi-finale de Roland Garros, en 2011. Et, là encore, Djokovic avait dû s’incliner devant un Federer au sommet de son art, stoppant net une série de 43 victoires d’affilée.

    Toutefois, j’ai ressenti une grande différence entre les deux demi-finales. Celle d’aujourd’hui était indéniablement un match exceptionnel. Mais il manquait d’âme, comme souvent lorsqu’un certain Espagnol est sur le court.

    On m’a souvent demandé pourquoi je ne soutenais pas Rafael Nadal. En réalité, je considère que « Rafa » est un très bon joueur, mais ça s’arrête là. Sur le court, il est un rouleau compresseur sans âme qui avance droit devant, au risque de trébucher. Son jeu est purement physique et, je trouve, monocorde. Il dispose d’un très bon coup droit, son coup de lasso lui confère un lift puissant qui met bien des adversaires en difficulté. Mais, si ce n’est pas là la seule corde à son arc, c’est sa principale.

    Car ce coup droit lifté lui donne une défense en acier. Nadal est probablement le plus grand défenseur sur le circuit. Et c’est précisément pourquoi le jeu de Nadal me semble insipide. Bien souvent, Nadal se terre. Il se contente de défendre – et aucun doute qu’il le fait extrêmement bien -. Mais c’est tout. Il défend, attend la faute de son adversaire. Par moment, l’impression que cela donne, c’est que Nadal est un mur. Quoi que vous fassiez, la balle reviendra vers vous.

    Lorsque vous ratez une balle qui a rebondi contre le mur, peut-on dire que le mur a gagné l’échange, ou plutôt que vous l’avez perdu ? La réponse à cette question est évidente. Et bien, vous savez donc maintenant pourquoi je n’aime pas le Nadal qui se déplace sur le court. Bien souvent, dans des matchs face à des adversaires valeureux, Nadal ne gagne pas : c’est Federer ou Djokovic qui perd.

    Certes, il arrive à Rafa de faire des points gagnants. Maintenant plus que par le passé. Certes, il parvient à construire un point.

    Mais Nadal n’a pas le génie. Il n’est qu’un très bon joueur de tennis, doté d’un physique incroyable. Et je suis intimement convaincu que ce sont ses seules qualités athlétiques qui  le maintiennent à un niveau élevé. Car, forcément, ses qualités lui permettent d’être un excellent défenseur. Et la boucle est bouclée.

    C’est triste, mais c’est ce que je pense : il n’y a pas grand-chose d’autre à dire sur le jeu de Nadal. Très peu de points gagnants réellement mémorables, des matchs parfaitement maîtrisés mais vides de toute émotion réelle (le fait de jouer pendant 5 heures et de s’imposer en 5 set suite à un suspense insoutenable ne suffit pas, j’en ai peur, à insuffler une réelle émotion dans un match…), une défense impassable, mais un jeu très pauvre, au final. Nadal reste bien souvent dans sa zone de confort, le fond de court, et pilonne ses adversaires en toute brutalité grâce à ses coups liftés.

    Et c’est précisément cette absence de variété dans son jeu et ses capacités athlétiques qui font de Nadal un as sur terre battue : cette surface, plus lente, sublime au maximum ses qualités défensives et lui laisse le temps de courir aux quatre coins de son terrain pour renvoyer toutes les balles. Sur terre battue, plus qu’ailleurs, Nadal est indébordable.

    Nadal va peut-être gagner Roland-Garros cette année encore (on aperçoit mal, en effet, les problèmes que pourraient lui poser David Ferrer, qui est pourtant un excellent joueur de terre battue, ou un Tsonga qui cherche souvent le duel physique, qu’il ne peut pas remporter contre Nadal). Mais il ne le devra nullement à un quelconque génie : il pourra remercier son physique athlétique.

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  • Commentaires

    1
    Dimitri 2
    Samedi 8 Juin 2013 à 10:13

    Ce texte exprime mieux mon avis sur Nadal que ce que je ne pourrais le faire.

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