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    Plic, ploc.

    Le temps, c’est du toc.

    Une seconde, deux secondes.

    Le temps qu’il faut pour tout détruire.

     

    Plic, ploc.

    Le temps, c’est du toc.

    Dix années, cent années.

    Le temps qu’il faut pour tout bâtir.

     

    Plic, ploc.

    Le présent, c’est du toc.

    Un futur pas mûr,

    Un passé fané.

     

    Plic, ploc.

    Le temps, c’est du toc.

    Va vers l’avenir

    Sans rien regretter.


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    Je rentre chez moi, car je suis seul. Sur mon lit, je pleure. Abandonné. Rejeté. Le silence est mon unique allié. Je pleure, le monde est indifférent. Ma chambre est vide, noire. Dehors, une sirène lointaine se fait entendre. Elle brise mon silence. Puis le calme revient. Je suis seul. Oublié, ignoré. Les larmes coulent en silence. Depuis que tu es morte, ma vie n’est plus qu’un désert, immensité aride. Nulle joie, nul bonheur. Juste une solitude, noire et écrasante. Plus rien ne m’amuse, plus rien ne me plaît. Je suis seul, je pleure. Avec toi, c’est un peu de moi qu’on a mis sous terre. La lumière du soleil est devenue brûlure. L’air est devenu glace dans mes poumons. Le bonheur n’est plus qu’une lame chauffée à vif qui me transperce le cœur.

    Une sonate s’échappe d’un piano. La musique m’assaille, m’écrase, m’oppresse. J’étouffe. La mélodie m’étrangle, je sens ses mains serrer mon cou. C’est elle qui me tue, le piano est mon meurtrier.

    Enfin, la musique s’arrête. Je respire à nouveau. Ma chambre me semble soudain bien petite. Je regarde ce que je suis devenu. Tu ne m’aurais pas reconnu. Je suis seul, je pleure. Je me lève, fais quelques pas. J’ouvre la fenêtre. Il fait beau. La brûlure du soleil est redevenue caresse. La glace dans mes poumons a fondu. Mais la lame continue à s’enfoncer dans mon cœur. Par la fenêtre, je vois le ciel, la ville. Là, un arbre me tend la main. Les oiseaux m’invitent à sortir en sifflant. Des gens marchent dans la rue. Une mère rit avec son fils. Leur bonheur me tue. Leur bonheur me rappelle celui que j’ai perdu.

    Je respire. Je souffre encore, mais pour la première fois depuis des mois, je respire. Pour la première fois depuis ta mort, je vis. Ma vie est fade, sans goût et triste, mais c’est une vie quand même. Une vie meurtrière, une vie criminelle, mais une vie.

    Meurtrier. Assassin. Matricide. Voilà ce que je suis à leurs yeux. Un monstre, pas un homme. Inhumain. Incompréhensible. Je suis une bête de foire, un cas particulier. Je suis tout, mais je ne suis plus rien. Et sûrement pas un homme. Quel homme tuerait sa mère ?

    Moi. J’ai tué. Suis-je toujours un homme ? Je ne sais pas. Je referme la fenêtre. Tu ne reviendras pas. Je me couche sur mon lit. Je suis seul, je pleure. En relevant la tête, je vois ta photo. Tu me souris. Je t’aime. Je te vois, mais tu es morte. Je le sais, je suis ton assassin.

    C’était un lundi. Un lundi de juillet. Il faisait beau. Tu étais dans le jardin. Papa n’était pas là. Je t’ai apporté à boire. Tu as bu, tu es morte. Le poison a été rapide. J’aime me dire que tu n’as pas souffert.

    Pas comme moi. Te donner la mort m’a fait souffrir. Beaucoup. Je souffre encore. Pourquoi ? Pourquoi es-tu morte ?

    Une note résonne dans le vide de mes pensées. Le cessez-le-feu du piano touche à sa fin. Bientôt, des doigts inconnus appuieront sur ses touches noires et blanches. Des centaines de notes attendront mes oreilles. Autant de balles qui atteindront mon cœur. Ça y est. La musique reprend. M’assomme. Me tue. Elle me frappe, m’insulte. Assassin, meurtrier. Matricide. Elle me frappe, frappe encore, me rabâche sans cesse ces mots. Matricide. Monstre. Inhumain. Ses coups se font plus sévères. A bout de souffle, je m’installe sur mon lit.

    A la fin de la sonate, je ne respire plus. La musique m’a purifié. Et m’a tué. Lorsqu’on me retrouve, mort, je souris.


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  • Serein, l’enfant dort.

    D’or et de lumière.

    Ignorant des troubles qui l’entourent, il rêve.

    Il rêve à un univers vert et bleu.

    Il rêve à un ciel nuageux.

    Il rêve à une nuée d’hirondelles.


    Serein, l’enfant meurt.

    Ignorant des pleurs de ses parents, il meurt.

    Voilà une nouvelle victime silencieuse.

    Voilà un autre bambin droit au paradis.

    Au paradis vert et bleu.


    De la faim.

    Fin de l’histoire, fin d’une vie.

    A jamais inachevée.


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  • Divers


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