• Il y avait, assis par terre, un tout petit garçon. Il était très jeune, et ses yeux très bleus. Aussi bleus que le ciel était gris. Et le ciel était très gris. Parce qu’il pleuvait. Mais le garçon était assis par terre, indifférent. Ses cheveux, lourds de la pluie, étaient plaqués contre son grand front qui surplombait son visage rond. D’un air triste, il regardait le sol. A la pluie du ciel se mêlait la pluie de ses yeux bleus.

    Soudain arrive un grand monsieur. Il est vraiment grand et porte un long manteau tout violet. Il a dans la main droite un parapluie. D’une foulée, il rejoint le petit garçon aux yeux bleus. Il le regarde un instant, un instant seulement.

    « Pourquoi pleures-tu ? demande le grand monsieur.

    - Je ne pleure pas, il pleut, ment le petit garçon.

    -Tes yeux sont bleus, mais tu mens, répond le grand monsieur. »

    Alors, le grand monsieur se baisse, place son parapluie au dessus du petit garçon.

    « Cette histoire n’a pas de sens, dit le petit garçon.

    - Je sais, répond le grand monsieur. Mais peu importe, tes yeux sont bleus. »

    Le petit garçon sourit. Et la pluie s’arrête. Il remercie le grand monsieur, qui s’en va chasser d’autres soucis.


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  • Graou, graou.

    Ainsi miaule le chat-garou

    Qu’il est gentil, le petit minou !

    Le problème, c’est qu’il se fiche de nous.

     

    Atchou, atchoum

    Ainsi éternue l’enrhumé

    Qui, avant de décéder

    Se retourne vers son passé.

     

    Pif, pif

    Le cri de joie d’un if

    Qui, loin d’un dur récif

    Continue son jeu jouissif

     

    Plic, ploc

    Goutte d’eau qui tombe

    Auprès de mon cœur,

    Bien au chaud dans sa tombe


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  • Aujourd’hui, c’était la rentrée. Pas question de cartables rouge vif ou d’innocentes têtes blondes dans ce billet : c’était la rentrée à la grande école, à l’Université, oui madame ! Avec une majuscule à Université, parce que ça donne le style. Je dois admettre que j’étais stressé, avant cette journée. Je n’étais pas sûr de mes choix. Et puis j’ai arrêté de réfléchir, j’ai décidé de voir comment les choses se dérouleraient. De me laisser glisser dans le courant des évènements, attendre et voir, en somme. Et, par la dérouillée que j’ai collé à Bahamut Obscur hier soir (avis aux fans de Final Fantasy…), j’ai bien fait !

    Je n’avais pas vraiment de raison de m’angoisser, d’ailleurs : ce n’est pas ma première année à l’université. J’ai déjà réussi une année de sciences politiques, en première session. Je sais comment l’unif fonctionne, j’ai su, au cours de l’année passée, m’adapter. Alors, certes, j’ai décidé de jumeler avec le droit. Certes, je suis deux cursus en même temps. Mais je ne suis pas le premier à le faire, et j’espère sincèrement n’être pas le dernier. D’autres l’ont fait et n’en sont pas morts. Alors, pourquoi pas moi ?

    Mais ce n’était pas vraiment ma seule cause d’inquiétude : le droit occupait mon esprit. J’avais choisi de commencer ce deuxième cursus sur base des cours que j’avais eu l’année passée. Mais est-ce que cela allait vraiment me plaire ? Est-ce que j’allais y prendre plaisir ? Est-ce que toutes les matières proposées en droit me sembleraient passionnantes ? Le pari était risqué.

    Mais, pour cette première journée, il est réussi : j’ai adoré. Bien sûr, ce n’est que la première journée, mais on dit qu’en général, la première journée présage de la suite. Je serais aux anges si tout pouvait se passer comme cette journée. Et j’arrêterais alors définitivement de douter.

    Mais laissons là le côté autobiographique pompeux et pompant. Si j’ai commencé à écrire ce billet, ce n’est pas pour parler de moi, mais plutôt d’un ressenti, d’une réflexion. J’ai découvert, aujourd’hui plus que n’importe quel autre jour, à quel point on peut se méconnaître. A quel point on peut se tromper sur les gens, mais plus encore sur nous-mêmes. Une amie me l’a récemment rappelé : peu importe la situation, le principal intéressé est toujours bien aveugle. Que ce soit dans les relations avec les autres, dans des histoires financières, ou plein d’autres choses, celui qui se trouve au centre de l’action n’a pas l’occasion, ou l’envie, parfois, de prendre du recul. Il ne voit les choses que de son œil, et cela lui suffit parfois largement. Mais cela n’amène qu’une vision tronquée de la réalité. Et c’est comme cela qu’on fait erreur.

    Mon propos ne se targue ici d’aucune originalité. Ce n’est pas mon but, ce soir, de révolutionner le monde avec des idées novatrices. J’avais juste besoin de mettre sur papier la phrase suivante : Bordel de merde, pendant toutes ces années, je me suis planté. Je me revois encore, il y a quelques temps, jurer mordicus que jamais je ne ferai de droit. Et, aujourd’hui, je reviens d’une journée passée à suivre des cours, en partie des cours de droit, et à avoir adoré ça. Pendant des années, alors que tout le monde autour de moi me conseillait le droit, j’ai nié une évidence. Parce que j’étais persuadé.

    Dingue à quel point nous sommes de bien piètres psychologues, quand c’est à nous de nous coucher sur le canapé. Enfin, je dis « nous », mais, dans ce cas-ci, c’est moi qui me suis planté sur toute la ligne. Et vous savez quoi ? J’en suis très content.


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  • Aujourd’hui, Bruxelles se tait. Ce matin, quand je me suis levé (bon, c’était il n’y a que quelques minutes, mais peu importe), j’ai ouvert grand ma fenêtre : silence. Pas un « vroum vroum », pas un « pouêt pouêt ». Aujourd’hui, Bruxelles se tait : c’est la journée sans voiture. Et, bon Dieu, ça fait du bien ! On se croirait en pleine campagne : l’habituel crissement des pneus sur le macadam est remplacé par le frivole gazouillement d’un oiseau. Au loin, on entend le rire d’un enfant qui court sur la rue. Les gens sortent de chez eux, sourient aux passants. Le Soleil n’est pas tout à fait de la partie, mais qu’importe, ce ne sont pas quelques nuages qui vont nous empêcher de sortir profiter d’une ville désertée par les véhicules à moteur.

    Parce que, dès ce soir, l’automobile reprendra ses droits. Et, d’un coup d’accélérateur, réduira à néant ce silence si apaisant. Dès demain, on retrouvera les embouteillages qui aigrissent les conducteurs, on devra à nouveau regarder à droite et à gauche avant de traverser… L’armée de cyclistes qui a pris possession de la ville se sera retirée. Et on replongera dans le quotidien. Et on y replongera vite.

    Vitesse. Rapidité. Ce sont deux mots qui sont devenus les crédos de notre société. Maintenant, on veut tout, tout de suite. On s’est habitués à parcourir le monde en quelques heures. On tient à notre internet ultra-rapide, à notre confort dans lequel l’attente est sans cesse réduite. On prend la voiture pour aller chercher du pain, car cela va bien plus vite. On achète un nouvel ordinateur : l’autre était trop lent. Lorsqu’on achète quelque chose, on voudrait pouvoir en profiter immédiatement, lorsqu’on demande quelque chose, ce doit être fait dans la minute. La rapidité doit être omniprésente dans notre société qui ne souffre et ne veut souffrir d’aucun temps mort.

    Alors, de temps en temps, une journée comme celle-ci, c’est rafraîchissant. Ce que j’aime particulièrement avec le dimanche sans voiture, c’est la lenteur de la journée. On donne le temps, pour une fois, aux minutes de s’écouler à leur rythme. Certes, elles sont toujours constituées de 60 secondes, mais j’ai l’impression que les secondes sont plus longues. On ne voit personne courir dans les rues : tout le monde s’arrête, prend la peine de respirer lentement. Aujourd’hui, pour une fois, à Bruxelles, on n’est pas pressés. Et, bon Dieu, ça fait du bien.


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    J’ai mangé un morceau de chocolat, ce matin. Ce n’est sans doute pas l’info du jour, mais c’est dingue ce à quoi on peut penser quand on croque dans une tablette de chocolat noir à 70%... J’ai repensé à des discussions que j’avais tenues ces derniers jours avec des amis. Et j’ai réalisé que c’est quand même dingue la manière dont l’humain parvient à s’enfermer dans un système de pensée…

    Bah ouais, après tout, avec l’expérience que nous avons de la vie, chacun d’entre nous s’est créé un univers, un référentiel. Ils sont tous différents, car nos expériences le sont également. Cela ne signifie pas que l’un vaut mieux que l’autre : différence n’est pas hiérarchie. Mais voilà, c’est un fait : nous avons nos valeurs, nos passions, nos préjugés. Tous. On a beau se prétendre tolérant et ouvert d’esprit, on est quand même parasités par des petites manies, par des idées préconçues ou des a priori. Est-ce bien, est-ce mal ? Ce n’est pas à moi de trancher. Faites-vous votre avis là-dessus, on pourra en discuter. Mais toujours est-il qu’à cet univers, on y tient dur comme fer. C’est pour cela qu’on ne se laisse pas facilement convaincre. On n’aime pas qu’un autre vienne écorner l’harmonie qu’on s’est construite, qu’une autre vienne nous bousculer dans nos certitudes.

    C’est normal. Et quand je dis normal, je l’emploie au sens « de la norme ». Comme je l’ai déjà dit, c’est notre expérience de la vie qui forge notre caractère. En fonction de l’éducation reçue, on peut être une fanatique de la littérature et mépriser le rap, on peut adorer le chocolat mais fuir comme la peste les poètes allemands du 17ème. On peut aimer danser et s’amuser, tout comme on peut préférer la solitude, ou une discussion sereine autour d’une tasse de thé. On peut fumer des joints, boire de l’alcool, ou ne pas toucher à ça. Il existe une multitude d’avis et de sentiments à propos de tout. Car, on le dit bien souvent, il faut de tout pour faire un monde.

    Mais est-ce que servir cet adage populaire fait de nous des êtres tolérants ? Tant que nous restons enfermés dans nos convictions, clamant haut et fort notre ouverture d’esprit, a-t-on réellement l’esprit ouvert ? On peut accepter que l’autre soit catholique, musulman, ou que sais-je encore. Mais, si, dans la pratique, on ne lui reprochera pas ses convictions, bien souvent, on le juge et le condamne, bien à l’abri dans notre tête. Car ses valeurs sont différentes des nôtres. Pour moi, la tolérance, ce n’est pas seulement une passivité à l’égard des convictions d’autrui. C’est également une tentative de compréhension de ces convictions, c’est une reconnaissance que, tout en étant différentes des nôtres, ces convictions sont tout aussi valables.

    Et tout ça, rien qu’en mangeant un morceau de chocolat. C’est fou ce qu’on trouve dans le chocolat !

     


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