• Aujourd’hui, la Belgique ne parle presque plus que de ça. Même les étudiants, qui ont pourtant commencé à étudier avec acharnement, s’échangent leurs avis. La plupart en parlent à cause de la grève générale qui paralysera le pays jeudi. D’autres, moins nombreux, se prononcent sur le fond de l’affaire. Ce qui gène, c’est la réforme des pensions. Les syndicats montent au créneau, les chauffeurs de bus, trains, tram et métro débraient. Les services publics se joignent à l’action. Bref, la Belgique fonctionnera au ralenti.

    Mais, qu’on soit pour ou contre le contenu de cette réforme (sur laquelle, au demeurant, peu se sont penchés), personne ne s’attarde sur la forme qu’elle a pris. Et, pour moi, c’est pourtant là le principal sujet d’indignation. Parce que l’opacité dont fait preuve le monde politique à ce sujet est invraisemblable. Parce que les mécanismes de contrôle, de pouvoirs et de contrepouvoirs mis en place dans la démocratie belge semblent de plus en plus fragiles. Parce que la politique se résume trop à un dictat des partis politiques. Parce que les parlementaires ne sont plus libres de faire ce qu’ils souhaitent, et de décider souverainement.

    Peut-être pensez-vous, en ce moment, que j’y vais un peu fort. Que j’exagère. Vous avez peut-être raison. Mais avant de pouvoir l’affirmer, prenez bien le temps de lire ce qui suit.

    Tout d’abord, si vous désirez voir et lire par vous-même la loi contenant cette réforme, inutile de chercher « pensions » au Moniteur Belge. Vous perdriez votre temps… Non, cette loi qui modifie le régime des pensions est publié sous le titre ô combien clair et précis de… « Loi portant sur des dispositions diverses », une loi-programme, comme on appelle cela. Pour résumer le principe, il s’agit de véritables lois « fourre-tout », dans lesquelles on place des dispositions les plus diverses. En général, elles comptent plusieurs centaines d’articles dont les sujets varient sans logique apparente. Et, à ce patchwork d’articles, on donne le titre de « loi portant sur des dispositions diverses ». Je vous souhaite bonne chance pour connaître le contenu de la loi avant d’avoir dû lire les 240,45 articles qui la composent…

    Mais ce n’est pas le seul problème. Outre ce problème d’opacité, il y a pire : les dispositions sur les pensions ont été ajoutées… Par amendement. En effet, aucune disposition ne traite des pensions dans le texte originel. Quel est l’intérêt, me demanderez-vous. Et bien, il est simple : cette astuce permet d’éviter l’avis du Conseil d’Etat sur ce sujet, qui est obligatoire dans le cadre d’un projet de loi (qui émane donc du gouvernement). Même si cet avis n’est pas contraignant, cela permet d’éviter un réel débat et, de plus, permet de gagner du temps.

    Pour résumer, le problème que je vois ici est un double problème de transparence. D’une part, la réforme est insérée, presqu’en passant, dans une loi-programme et, d’autre part, elle n’y apparaît que via des amendements ultérieurs.

    Evidemment, c’est le gouvernement qui est derrière ce projet de loi. C’est le gouvernement qui a « proposé » ces amendements. Pas les parlementaires. On pourrait alors m’objecter que les parlementaires n’ont qu’à s’indigner devant cette situation. C’est vrai, mais aucun ne le fait. Pourquoi ? Parce que, dans la démocratie belge, tout tourne autour des partis politiques. Vous ne pouvez pas ne pas l’avoir remarqué. Un gouvernement tient parce que les partis qui le composent le soutiennent. Dès que ce n’est plus le cas, il tombe. On vote des lois à majorité contre opposition. Dans le vote des parlementaires, bien souvent, on observe un alignement froid sur la ligne du parti. Les exemples de parlementaires s’opposant à leur chef de parti sont rares.

    Par lâcheté ? Par confort, je pense. Le système est construit de telle manière que les parlementaires doivent trop souvent mettre une potentielle réélection dans la balance, l’autre plateau se contentant de leurs convictions personnelles. La place des candidats sur les listes électorales, et donc concrètement les chances pour tel ou tel candidat d’être élu est une décision qui revient au parti. Or, quel parti mettra en tête de liste un parlementaire turbulent ?

    S’il n’y avait que la réélection comme enjeu, l’attitude écrasée des parlementaires pourrait être risible. Mais, parallèlement à une potentielle réélection, il ne faut pas perdre de vue que la fonction parlementaire est indemnisée, et que nombre de politiques se sont lancés dans une véritable carrière parlementaire. En quelque sorte, en s’inclinant ainsi, les parlementaires cherchent juste à conserver leur job. C’est une attitude humaine, non ? Peut-on vraiment les blâmer et les traiter de pourris ?

    Bien sûr, je ne cautionne pas cet état de fait. Je suis même de ceux qui le déplorent. Je ne suis pas un démocrate convaincu. Je suis plutôt, à l’image de Churchill, de ceux qui croient que « la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres déjà essayés par le passé ». Démocrate par dépit, en quelque sorte. Mais démocrate tout de même. Et quitte à jouer le jeu de la démocratie, autant le faire correctement.


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  • Je sais, cela fait longtemps que je n'ai plus publié. Et que le premier article que je publie depuis ce temps, c'est un article sur la politique. Mais si je traite de ce sujet maintenant, ce n'est pas par hasard. D'une part, le sujet me tient à coeur, sinon je n'étudierais pas la science politique. D'autre part, la situation actuelle me laisse perplexe, d'où pour moi l'importance de mettre au clair mes idées, interrogations et doutes quant à cette situation. Mon but n'est pas ici de présenter un travail scientifique, mais bien de soulever certaines questions, qui, je l'espère, pourront ouvrir la porte au débat et à l'échange d'idées. N'hésitez pas, maintenant plus que jamais, à réagir à mes propos, que vous soyez d'accord ou pas.

    D'abord, je vais résumer la situation pour les lecteurs non belges (il y en a quelques uns) : le 22 avril 2010, l'Open VLD (parti libéral flamand) se retirait du gouvernement Leterme II, causant ainsi sa chute. La raison de ce retrait ? L'épineux dossier BHV, un arrondissement judiciaire et électoral que la Flandre veut voir disparaître (en très gros). Le 13 juin 2010, les belges sont appelés aux urnes. Depuis, les négociations sont encore en cours pour former un gouvernement. Si vous calculez bien, voilà donc plus de 488 jours que l'on discute. De quoi discute-t-on ? D'une réforme de l'Etat, signée finalement le 11 octobre2011 , puis, depuis ce jour, d'un accord de coalition et d'un programme pour le futur gouvernement.

    On pourrait croire que, maintenant, la situation est clarifée et que tout va bien se passer. Ce serait, je crois, faire erreur. Avec les événements de ces derniers jours, la situation difficile risque de se prolonger. Je vais préciser ma pensée : certes, les négociateurs semblent avoir trouvé un compromis sur BHV. On voit mal, maintenant, comment le socio-économique pourrait poser problème. Mais voilà, on a un accord de coalition... Sans les Verts. Qu'est-ce que cela implique ? Jetons un oeil à la composition de la Chambre des Représentants :

    La Chambre des Représentants

    La Majorité gouvernementale se composera donc de 93 sièges sur 150. C'est suffisant. Certes, avec les Verts (écolo + Groen!), la majorité était plus large encore (106 sièges) et dépassait les 2/3. Mais 93 sièges, c'est suffisant. Où est donc mon problème ?

    Dans les groupes linguistiques. Pour ceux qui l'ignoreraient, les députés de la Chambre sont répartis en deux groupes linguistiques : le groupe linguistique flamand et le groupe linguistique francophone. En sachant que le groupe linguistique flamand est constitué de 88 députés et que le groupe francophone l'est de 62, on peut voir émerger le problème. Nous avons une majorité fédérale (93 sièges sur 150), une majorité dans le groupe francophone (50 sièges sur 62), et... C'est tout. Dans le groupe linguistique flamand, les partis du gouvernement ne seront PAS majoritaires : seulement 43 sièges sur 88 !

    Si nous retentons l'exercice en incluant les Verts dans la majorité, nous obtenons une situation plus saine : une large majorité fédérale (106/150), une très large majorité francophone (58/62) et une majorité, courte, mais majorité quand même, chez les flamands (48/88). Mais ce ne sera pas le scénario appliqué ! Pourquoi donc ?

    On le lit à la une des journaux : la majorité, oui, mais sans les Verts. Le formateur, Elio Di Rupo (PS), s'est plié aux exigences de l'Open VLD et du CD&V et a proprement éjecté les Verts, qui participent pourtant aux négociations depuis le début ! Je ne comprends pas bien les motivations d'Alexander De Croo. Certes, on dit que c'est une façon de ne pas se retrouver dans un gouvernement trop à gauche. On peut également dire que c'est pour rafler, au final, plus de portefeuilles. Mais, bon sang de bon Dieu, voilà qui met le futur gouvernement Di Rupo Ier dans une situation délicate !

    Voyez plutôt : je l'ai dit, sans Groen!, pas de majorité dans le groupe linguistique du Nord du pays. Etait-ce vraiment le moment de se mettre dans pareille situation ? Les événements récents posent déjà suffisamment de questions du point de vue démocratique que pour en ajouter d'autres ! En effet, la NV-A, parti vainqueur des élections du 13 juin, première formation politique belge, premier parti de Flandre... Ne montera pas au gouvernement. Certes, on peut expliquer cela, et je le ferai plus tard. Mais voilà, le fait est que le parti pour lequel le plus de gens ont voté en Belgique ne gouvernera pas. Ensuite, à l'heure où les tensions communautaires (du moins, dans le champ politique) ont atteint une apogée, à l'heure où l'on a plusieurs fois parlé pudiquement de "plan B", à l'heure où un parti Belgico-sceptique a recueilli 27 sièges, est-ce vraiment intelligent d'installer au pouvoir un gouvernement non-majoritaire en Flandre ? Troisièmement, je pense que la nomination d'un Premier Ministre francophone n'était pas, en cette période en tout cas, appropriée. Dans cette situation où le gouvernement devra faire face à une crise de légitimité en Flandre et aux critiques acerbes (mais, pour une fois, justifiées) de Bart De Wever, la nomination d'un Premier Ministre flamand aurait peut-être, d'un point de vue symbolique, sauvé les meubles ou permis une plus vaste identification flamande avec ce gouvernement fédéral.

    Ce sont ces trois éléments qui me permettent de douter de la réelle efficacité du gouvernement Di Rupo Ier. Cyniquement, je me demandais tout à l'heure si ce gouvernement allait tenir le nombre de jour qu'il avait été nécessaire de négocier pour le former. J'espère me tromper, mais je pense que non. Certes, les Verts ont affirmé qu'ils allaient soutenir le texte de la Sixième Réforme de l'Etat. Mais cela ne résoudra pas tous les problèmes et, si la pomme de la discorde BHV semble avoir disparu, il n'en reste pas moins que le problème belge demeure un noeud Gordien.

    L'autre question que je me posais, hormis "Pourquoi avoir écarté les Verts, et était-ce vraiment une bonne idée ?", était : "Pourquoi la NV-A n'a-t-elle pas assumé son succès électoral ?" Nous le savons, la NV-A décide de quitter la table des négociations le 7 juillet 2011 (pas exactement, mais son "non" catégorique à la note Di Rupo marque la fin des négociations avec la NV-A). Ainsi, le premier parti du pays se condamne aux bancs de l'opposition. Mais cette opposition est-elle néfaste pour la NV-A ? Je ne pense pas. Je suis intimement persuadé que la NV-A est fondamentalement un parti d'opposition, qui se renforce justement de cette position d'opposition. C'est-à-dire que, hors de toute majorité gouvernementale, la NV-A est dans une position qui lui plaît : elle peut librement critiquer les décisions du gouvernement, traiter les partis flamands qui le composent de traîtres à la cause flamande, et, dans ce cas-ci, taxer le gouvernement de "gouvernement de francophones", de "gouvernement des perdants". Et le pire, c'est que, dans la situation actuelle, elle n'aura pas tout à fait tort. La NV-A, je crois, mais j'espère me tromper, sortira encore renforcée de cette législature dans l'opposition. Voilà pourquoi, selon moi, la NV-A n'est pas entrée et n'a pas véritablement cherché à entrer dans un gouvernement. Parce que l'exercice du pouvoir la forcerait à désavouer une partie de son programme. La pervertirait par rapport à ses objectifs. En refusant de se mouiller, Bart De Wever s'installe dans le rôle qu'il préfère, celui de l'opposition, et le rôle qui lui réussit le mieux (rappelons qu'il avait fini la législature Leterme II dans l'opposition...). Je pense que, dès le départ, la NV-A projetait de quitter la table des négociations. Il lui aura juste fallu attendre la note Di Rupo comme prétexte. Depuis, elle ne se mouille plus et pourra à sa guise attaquer le gouvernement Di Rupo, invoquant les principes dont j'ai déjà parlé, s'emparant, en quelque sorte, du rôle de défenseur de l'intérêt flamand. Les communales de 2012 vont-elles me donner raison ? Je ne l'espère pas.

    Désolé pour nos amis étrangers, qui n'ont pas dû y comprendre grand-chose, mais le sujet me tient particulièrement à coeur. J'écrirai sans aucun doute d'autres billets politiques à l'avenir. Peut-être, comme j'avais commencé à le faire à une époque, des articles visant à expliquer la crise belge à nos amis de France, du Japon ou d'ailleurs. Mais, pour l'instant, j'avais besoin de faire part à mes compatriotes de mes questionnements. Je tiens également à m'excuser pour un éventuel manque de structure dans cet article... Pas évident de se structurer quand on écrit avec passion :P Si vous avez des réactions, des questions ou des réflexions à émettre, je vous en supplie : ne vous retenez pas. Je pense qu'un échange d'idée serait extrêmement enrichissant !

    Allez, politiquement vôtre,

    Foénor


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  • Salut à tous !

    Si certains d'autres vous se posaient la question (on ne sait jamais), non, je ne suis pas mort. Disons que, pour l'instant, j'ai quelques petites occupations qui me prennent pas mal de temps. Mais je le dis haut et fort : non, je n'abandonenrai pas ce blog et oui, je continuerai à y poster des textes et des graph'.

    Pour l'instant, je suis juste dans une période un peu plus creuse au niveau inspiration. Les cours ont repris, j'ai des semaines bien chargées (double cursus oblige) et on a envie, avec des amis, de lancer un gros projet sur Minecraft (des joueurs parmi vous ?).

    Bref, un peu occupé, mais bel et bien vivant !

    D'ici à mon prochain texte/graphisme, j'vous souhaite plein de bonnes choses et surtout, quoi que vous fassiez, faites-le bien !

    Foénor


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  • Ça y est. Encore elle. Toujours elle. Cette question qui me colle à chaque fois. Cette question à laquelle je n’ai aucune réponse… Chaque fois que je pense m’en être débarrassé, rebelote : elle revient dans la bouche de quelqu’un d’autre. Elle ne peut pas me lâcher un peu, nondidjû ?!

    Hein ? Quoi ? Quelle question ? Bah, la question qui tue, celle que tout tonton ou tata attentionné pose forcément au petit neveu à chaque fois qu’il le voit, a fortiori depuis qu’il a intégré l’université… « Tu veux faire quoi, plus tard ? » Plus tard. Avenir. Futur. Toujours et encore eux. J’suis à peine en deuxième et on me demande déjà de tracer mon trajet professionnel. Mais mince (oui, là, la censure a joué un rôle dans le choix des mots), foutez-moi la paix ! Laissez le temps à « plus tard » de se pointer à son aise ! Je vous le dis et répète : JE NE SAIS PAS !

    « Mais pourtant, avec les études que tu fais, tu dois bien avoir une idée, non ? » Non. Okay, j’étudie le droit et les sciences politiques. Mais non, ça ne signifie pas que je serai forcément un politicien véreux ou l’avocat de la veuve et de l’orphelin. Vous savez quoi ? Je n’ai aucune idée du métier que je veux exercer. Et, pour l’instant, je m’en tamponne l’oreille avec une babouche. Je prends mon pied dans mes études, j’aime ce que je fais, je passe du temps avec des amis, je graph’, j’écris, je joue au tennis, et, pour l’instant, ça me suffit. Quand je rencontrerai l’Avenir, je prendrai une décision. Mais pas maintenant, il est trop tôt.

    Alors, par pitié, ne me posez pas la question. Sinon, je serai obligé de vous répondre quelques mots grommelés. Ou bien, j’ai une autre réponse : quelqu’un de bien. Comme mon grand-père. Je ne peux vous citer de métier, mais je sais que je veux devenir une personne agréable, sympathique, à qui l’on tient. Sur qui on peut compter. Je n’ai pas envie qu’on dise « oh non, on doit aller manger chez lui, mais j’ai vraiment pas envie de le voir ». Il y a encore pas mal de progrès à faire avant d’en arriver là. Mais au moins, c’est un beau projet de vie. Plus beau, je pense, que viser simplement à devenir avocat, médecin ou astronaute.


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  • On m'a récemment demandé ce que je faisais exactement comme retouches sur les infographies que je vous présente. Cette demande m'a, d'une part, fait plaisir, puisque cela signifie que les images forment un tout harmonieux, mais elle laisse apparaître le fait qu'on ne réalise pas toujours le travail que j'ai dû accomplir avant de pouvoir vous présenter mes graph'.

    C'est pour cette raison que j'ai décidé de vous montrer un peu les images de base dont je me suis servi, par exemple, pour la créa "La visite d'Alice". En effet, c'est pour cette cré qu'on m'a demandé "Mais qu'as-tu fait, exactement ? Juste rajouté la petite fille ?" Non. Jugez par vous même, en jetant un coup d'oeil à un vrac des images qui m'ont servi :

    Une explication

     

    Et quand on mixe tout ça, on joue avec les teintes, la luminosité, etc, on obtient :

    Voilà voilà, vous avez une meilleure idée de ce que je fais, maintenant ;)

    Foénor


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